institutions politiques russes
La Russie, héritière d’une URSS totalitaire qui a implosé en 1991, est aujourd’hui en pleine « transition démocratique ». Cependant, la nécessité de la désagrégation interne du pouvoir socialiste, la crise constitutionnelle de 1993 et le fédéralisme extrêmement complexe du pays ont rendu ce processus difficile. On est donc aujourd’hui dans un système post-totalitaire, entre « dictature présidentielle » et démocratie, d’où l’appellation de « démocrature » employée par Pierre Hassner, spécialiste des relations internationales. Le caractère démocratique du régime russe est en ceci discutable qu’une démocratie implique des élections libres, et des pouvoirs séparés et indépendants. Même si la Russie a tiré les leçons de la crise constitutionnelle de 1993 – assurant désormais primauté et stabilité au pouvoir présidentiel -, ces conditions n’y sont pas toujours respectées. En outre, le multipartisme, dû notamment à l’immense diversité ethnique et culturelle de la population, ne permet pas d’avoir une majorité nette, qui assurerait pourtant plus de stabilité au gouvernement. Il convient donc de se demander pourquoi la démocratie peine tant à s’établir en Russie, et ce qui pose problème dans la mise en œuvre des institutions. Pour mieux cerner ce problème, nous étudierons les institutions et les problèmes actuels qu’elles rencontrent en deux axes : le processus électoral – législatif et présidentiel – et l’application des institutions.
I. Un processus électoral qui peine à être démocratique
A. Les élections législatives
Les élections législatives, qui élisent les membres de la Douma, la Chambre basse du Parlement de Russie, peinent à construire une majorité : en effet, deux modes de scrutin y sont pratiqués. La « Douma d’État » comprend ainsi 450 députés élus au suffrage universel direct, dont la moitié est élue à la représentation proportionnelle, la seconde moitié au scrutin majoritaire uninominale à un tour. Cette pratique permet