Introduction : Suis-je responsable de ce dont je n'ai pas conscience
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Partons du cas des somnambules. Alors qu’ils dorment, certains d’entre eux peuvent faire des choses tout à fait stupéfiantes, comme, par exemple, se préparer à manger. Pourtant, ils n’en ont pas conscience, ils le font non-intentionnellement. Admettons qu’un somnambule fasse quelque chose de grave pendant son sommeil, qu’il mette le feu à son appartement, par exemple. Peut-on dire qu’il est responsable de cet incident puisqu’il ne savait pas ce qu’il faisait ? De façon générale, suis-je responsable de ce dont je n’ai pas conscience ? Le mot responsable est ambigu. Il peut avoir un sens causal. « Responsable » signifie alors « à l’origine de » (on dit de la sécheresse qu’elle est responsable des mauvaises récoltes). Il peut également avoir un sens moral. « Responsable » signifie alors « comptable » (on dit des parents qu’ils sont responsables de l’éducation de leurs enfants). Si je suis responsable de quelque chose, au sens moral, je dois en répondre-« responsable », d’ailleurs, vient du latin respondere. La question « Suis-je responsable de ce dont je n’ai pas conscience » se pose quel que soit le sens qu’on donne au mot responsable. Comment, d’une part, pourrais-je produire des choses (être à l’origine de tel ou tel phénomène) sans en avoir conscience ? De quel droit, d’autre part, m’accuserait-on d’un méfait que j’ai commis sans le savoir ? « Que voulais-tu que je fasse, je n’en savais rien », dira-t-on. Bien des choses échappent à ma conscience. Il peut s’agir de choses en moi (des souvenirs, des désirs, etc.), de choses sur moi (des défauts, des tics de langage, etc.), de choses hors de moi (un bruit, une odeur, etc.). Il semblerait étrange, de prime abord, qu’on nous demande de rendre raison de choses qu’on ignore. Réexaminons cependant le cas des somnambules. Admettons qu’il ait conscience de sa pathologie et des ses effets indésirables -n’aurait-il pas dû prendre des mesures en amont afin d’évider tout incident ? Informé de son somnambulisme, n’a-t-il