Invention diderot
MOI – Le plaisir est toujours une affaire pour eux et jamais un besoin.
LUI – Tant mieux, le besoin est toujours une peine.
MOI – Cependant ils considèrent le plaisir au même titre que le bonheur. Ceux-ci se confondent dans leur esprit et deviennent semblables.
LUI – Mais je ne vois pas la nécessité de connaître la subtile différence puisque l’ignorance de celle-ci peut rendre le bonheur si facilement accessible.
MOI – Et bien, la différence n’est pas subtile. Elle est immense, gigantesque, elle est le fondement même du bonheur. Savoir. Savoir est un bonheur. Connaître, comprendre, réfléchir. Le bien n’a pas de valeur dans la philosophie.
LUI – Que m’importe la philosophie ! Elle est le bonheur des pauvres. Et mon bonheur sera celui des riches. Le plaisir, le doux plaisir de la vie.
MOI – La vie n’est pas un plaisir quand elle est ignorée. Vous fermez les yeux quand la nature vous souffle une si simple pensée : il faut réfléchir ; il faut aimer ; il faut être sûr.
LUI – Que vous m’ennuyez, je ne m’intéresse qu’à ce que je peux palper. Le reste est futilité.
MOI – Comme vous vous trompez ! Tout le goût de la vie tient dans la valeur que vous lui donnez. Mais cette valeur ne peut pas, ne doit pas être quantifiée. Elle est tout ce dont vous avez besoin. Le besoin n’est pas une peine. Il est le moteur de la vie. Le besoin est seul capable de repousser la mort. Ainsi le bonheur se trouve partout, il n’est pas là où vous le cherchez mais là où vous le créez. Il est dans le malheur, dans la joie, dans la souffrance, dans les rires, il est palpable puisqu’il est incarné par le monde vivant. La vie et le bonheur sont indissociables, le bonheur, au même titre que la vie, n’existe pas dans les objets. C’est évident. Longtemps on a cherché à définir celui-ci comme un sentiment. Ce n’en est pas un. C’est une présence, un être qui vous habite. Il se fait parfois discret car sa voix est faible.
LUI – Je vous arrête ! Comment pouvez affirmer que le bonheur