invention suite in ne badine pas avec l'amour
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Il y avait, dans cet immense château dans lequel elle se sentait comme étrangère, un autel. Un autel majestueux qui trônait divinement au centre de la chapelle du palais. C’était derrière cet autel que venait se réfugier Rosette quand elle avait envie d’être seule. Non pas qu’elle était malheureuse en présence de Perdican. Elle en était même éperdument amoureuse. Elle, cette pauvre fille de paysan n’avait jamais vécu telle romance auparavant, elle n’était d’ailleurs guère sortie du lopin de terre que lui procurait la petite métairie de ses parents que pour se balader et aller au marché. C’était donc dans un monde complètement nouveau que Rosette se trouvait à présent. La candide jeune fille ne réalisait pas encore vraiment ce qui lui arrivait. Ce jeune homme qu’elle avait rencontré au village, elle ne pensait pas un instant qu’il eut pu lui prêter ne serait-ce qu’un regard. C’était un grand prince, beau et fort, qui, dans ses habits de soie tenait du divin. C’était cet homme dont elle faisait son idole, qui était venu au crépuscule la rejoindre sur un banc en lisière de la forêt pour contempler les derniers éclats pourpres du soleil. Elle ne savait pas pourquoi il était venu, ni comment il l’avait retrouvée. Elle n’était sûre de rien, exceptée d’une seule ; il l’aimait ! Ils s’aimaient ! C’était indéniable, c’était leur destin, de se retrouver, de s’éprendre de passion l’un pour l’autre. Tout cela, c’était derrière l’autel de la chapelle qu’elle y repensait. Elle y pensait si fortement, comme pour ne pas oublier chaque instant de ce merveilleux rêve éveillé, qu’elle ne discernait plus la réalité de la fiction et entrait parfois dans une sorte de transe. Cette fois-ci, Perdican l’avait laissé dans l’escalier parce qu’il avait « des affaires urgentes » à traiter. Ne sachant que faire, elle décida de se tapir derrière l’autel afin de se plonger dans tous les souvenirs merveilleux que son esprit était en mesure de lui procurer. A l’instant même où