Invitation au voyage - baudelaire
Baudelaire, L’invitation au voyage, Les Fleurs du mal – LIII
Le « cycle » de Marie Daubrun est le dernier cycle amoureux du recueil, il comprendrait – selon les critiques – un groupe de poèmes allant du Poison (XLIV) à A une madone (LVII) dans l’édition de 1861. Rappel : Spleen et Idéal : Dans ce mouvement de l’être (du poète) entre Spleen et Idéal, ce poème peut être désigné comme « poésie des Ailleurs », le voyage étant ici la ligne de fuite suivie par le poète pour échapper à sa condition intolérable dans l’Ici. Pour Baudelaire, les femmes ont souvent et largement orchestré ce mouvement entre le Haut – l’Azur- et le gouffre : L’invitation au voyage est donc aussi un poème d’amour pour la femme « aux yeux verts », Marie Daubrun – célèbre actrice parisienne avec laquelle Baudelaire vécut de 1847 à 1856. Ce poème fut publié dés 1855 dans la Revue des deux Mondes, et fut mis en musique par Duparc en 1870.
La composition du poème 1) Dimension programmatique du poème, repérable dés le titre avec « L’Invitation »
Dans la situation d’énonciation, un « je » qui désigne le poète invite une femme (« ma sœur ») à un voyage « ensemble ». Remarque : A partir du « je » du poète, s’amorce un lyrisme impersonnel. Par souci d’universalité, Baudelaire lui-même écrira (à propos des Fleurs du mal) qu’ « il n’y aura plus que les gens d’une mauvaise foi absolue qui ne comprendront pas l’impersonnalité volontaire de mes poésies ».
Dans les vers 1, 2 et 3, Baudelaire utilise l’apostrophe notamment avec « mon enfant, ma sœur ». Ces deux groupes nominaux désignent la personne à laquelle s’adresse le poème. Il apostrophe aussi la femme avec les impératifs « songe à la douceur » et « d’aller ». Le voyage est d’emblée annoncé avec « aller là-bas » mais la destination reste floue : c’est l’unique désignation d’un ailleurs lointain (qui n’est donc pas l’Ici) où l’amour règne avec au vers 4 « Aimer à loisir, Aimer et mourir » ; le temps étant aboli. Il est état