Jansénisme
La doctrine a été appelée ainsi du nom de Jansen, évêque d’Ypres, dont a été publiée en 1640 la grande œuvre doctrinale, l’Augustinus. L’ouvrage, somme des idées de Saint-Augustin réaffirmait que le salut de la créature déchue ne pouvait que résulter de la grâce, faveur gratuite et toute-puissante de Dieu, et non de l’effort et des mérites humains. Une pareille théologie a suscité de nombreuses polémiques : que devenait le libre arbitre de l’homme si le choix dépendait de Dieu seul ? L’Augustinus a provoqué l’indignation des milieux hostiles au christianisme augustinien. Le jansénisme est devenu un mouvement européen particulièrement fort en France depuis la publication de La fréquente communion (1643). C’était un petit ouvrage d’Antoine Arnauld dans lequel il soutient que l’eucharistie ne peut être permise qu’à ceux qui en sont dignes ; qu’il faut l’attendre et s’y préparer longtemps, et ne s’en approcher qu’avec une sorte de crainte. Cet ouvrage est le manifeste d’une conception du catholicisme, morale autant que doctrinale, qui rencontre très vite un assentiment extraordinaire. Le centre du jansénisme a été le monastère féminin de Port-Royal. Pour connaître l’histoire du jansénisme, il faut étudier Port-Royal. En fait tout se borne, de 1600 à 1638, à la réforme d’un couvent. En 1602, l’avocat Antoine Arnault avait obtenu pour sa fille de 10 ans, Jacqueline-Marie-Angélique l’abbaye de Port-Royal. Nul désordre scandaleux dans ce monastère, mais seulement une certaine largeur dans l’observation des règles, une sorte de compromis entre la sagesse mondaine et les sévérités de la vie monastique. Angélique a entrepris de ramener sa maison à l’observation rigoureuse des règles. Sa réforme s’est affirmée avec un éclat particulier en 1609, lors de la journée du Guichet (le 25 septembre) quand, derrière le guichet du parloir, elle a refusé à son père l’entrée de l’abbaye, rétablissant ainsi la clôture. Les religieuses de Port-Royal menaient