L'esprit conservateur des ordres privilégiés faisait piétiner les états généraux. De leur côté, les délégués progressistes demandaient le vote par tête, et non par ordre, seul capable d'obtenir des réformes. La situation était encore bloquée le 17 juin 1789, lorsque le tiers état, bientôt rejoint par une partie du clergé, se proclama « Assemblée nationale ». De simples mandataires convoqués pour voter des impôts nouveaux, ils devenaient des députés de la Nation. Pour faire obstacle à cette décision proprement révolutionnaire, la Cour fit fermer, le 20, la salle des séances. Les députés se rendirent alors dans une salle de jeu de paume toute proche. Ils y proclamèrent que, quel que soit le lieu où ils étaient réunis, là se trouvait l'Assemblée nationale, et ils jurèrent solennellement de ne pas se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. Le serment fut signé par tous les représentants sauf un, dont on respecta la liberté d'opinion. Cet épisode fondateur marqua une étape décisive, et il fut largement répercuté par l'image. Au sein de cette vaste iconographie, aucune oeuvre n'eut la force du projet de David. On sait qu'il ne put l'achever, le cours des choses allant plus vite que l'élaboration d'une vaste toile. Il demeure la grande ébauche de Versailles, de nombreux dessins préparatoires et un grand lavis, achevé, qui servit de modèle à l'édition d'une gravure. Le tableau de Carnavalet reproduit sans doute cette oeuvre dont il a les mêmes dimensions. On y voit l'astronome Bailly, président de l'Assemblée, debout sur une table, lisant le texte du serment. Au premier plan, on reconnaît certains protagonistes de cette Révolution commençante, comme Mirabeau, Grégoire ou Barnave. La pose et le bras tendu des députés évoquent le tableau des Horaces, mais il y a ici plus qu'une référence antique. Les acteurs, dont aucun ne nous tourne le dos, semblent jouer leur rôle comme sur une scène de théâtre. Mais il s'agit, ici, du théâtre de