Joachim Travaille L Ecosse
L’imprévisibilité du scrutin commence à inquiéter les marchés financiers. La livre sterling perd du terrain sur le marché des changes et les valeurs boursières étaient en fort repli à la Bourse de Londres — un recul nettement accentué chez les entreprises ayant leur siège social en Écosse, comme les très grandes institutions financières qui y sont établies (notamment la Lloyds, RBS [Royal Bank of Scotland] et Standard Life).
Certains parleront de menaces, de chantage ou d’une campagne de peur pour dissuader les électeurs de voter pour le Non, le 18 septembre. Peut-être, mais retenons que les marchés n’aiment pas l’incertitude, et la menace qui pèse sur le Royaume-Uni est un risque financier et économique sérieux aux yeux des investisseurs.
Cela a l’air d’un mouvement concerté, mais il est aussi le résultat de milliers, sinon de millions de décisions individuelles.
Beaucoup de questions tout à fait légitimes se posent. Imaginons que vous avez des actions de RBS, l’une des plus grandes banques au monde. Le gouvernement britannique l’a sauvée à la suite de la crise de 2007-2008 et a acquis 81 % des actions. Que va-t-il se passer si l’Écosse devient indépendante ?
Le siège social demeurera-t-il en Écosse, même si l’actionnaire principal est un gouvernement étranger et que la banque est surtout active à l’extérieur du nouveau pays ? Le gouvernement britannique va-t-il vouloir se départir de ses actions ? Le nouveau pays de cinq millions d’habitants aura-t-il les ressources pour sauver ses immenses institutions financières si une autre crise de la même ampleur survenait ? Qui sera le prêteur de dernier ressort quand ce ne sera plus la Banque d’Angleterre ? Qui assurera les dépôts des déposants quand ce ne sera plus la