Judaisme au 16 e siecle
Les expulsions successives dans le royaume puis dans les régions passées sous sa souveraineté ferment en principe les portes de la France aux Juifs. Au XVIe siècle, on ne les rencontre, en petit nombre, que dans quelques régions, en particulier dans le Sud et à l’Est, sous certains régimes et conditions particuliers, leur sort demeurant lié à la conjoncture et à leur utilité éventuelle. Ce long Moyen Age qui, pour les Juifs, se poursuit jusqu’aux dernières décennies de l’Ancien Régime, n’est plus marqué par le même essor culturel que les siècles précédents. C’est à ce niveau que se situe la rupture. Ces communautés exsangues (hormis celle du Sud-ouest), circonscrites dans quelques régions, tournées vers l’intérieur, relativement coupées du reste de la diaspora, avaient – elles assez de ressources pour perpétuer l’importante effervescence culturelle qui avait été la leur à partir du XIe siècle ? Elles restèrent en fait à l’écart de la Renaissance en Europe.
I. Les juifs de l’ouest A/ L’exception guyennaise Officiellement, depuis 1394, le royaume de France n’abritait plus de Juifs. Ces exilés ne pouvaient donc pas s’y installer en tant que Juifs. Dès juin 1472, puis en février 1474 cependant, Louis XI promulgue deux ordonnances pour favoriser l’immigration à Bordeaux, appauvrie et dépeuplée par la guerre de Cent Ans. Ainsi, à l’exception des Anglais, occupants de la ville entre 1152-1293 et 1303-1453, tous les étrangers avaient la liberté de s’installer à Bordeaux et étaient exemptés du droit d’aubaine en vertu duquel les biens des étrangers revenaient à la France après leur décès. Ils bénéficiaient en outre de la possibilité d’écouler leurs marchandises sans avoir besoin de lettres de naturalisation. Des marchands espagnols et portugais, profitant du dynamisme des échanges qui s’instaurent entre la péninsule Ibérique et Bordeaux, s’implantent dans cette ville pour des raisons commerciales. De nouveaux chrétiens se joignent