Juste la fin du monde, jean-luc lagarce
A première vue, il peut sembler évident que, dans la pièce de Jean-Luc Lagarce, la parole est défaillante et inutile. En premier lieu, parce que les dialogues n’aboutissent pas. En effet, les personnages se coupent fréquemment la parole, s’empêchant alors d’exprimer clairement leur pensée (par exemple, lorsque la mère veut évoquer son souvenir dans la scène quatre de la première partie, Antoine la coupe). Par ailleurs, il n’y a pas vraiment de dialogues, il s’agit en réalité de longues tirades, dans lesquelles les protagonistes parlent seuls, sans jamais être écoutés. De plus, de nombreuses disputes font tourner en rond la discussion, empêchant les différentes situations et les problèmes de se résoudre et d’avancer, comme …afficher plus de contenu…
Ainsi, le dramaturge illustre l’incommunicabilité des tabous familiaux et les non-dits. Dans la pièce, les personnages ont du mal à se parler, d’où les monologues ou les tirades. Par exemple après la tirade d’Antoine devant Louis, on ne sait pas si ce dernier l’a réellement écouté car il ne répond pas vraiment. Cela rajoute donc une dimension tragique à la scène. Il s’agit d’ailleurs d’une des clés du texte : on ne connaît jamais le statut de la parole, si la personne qui parle est entendue, si la personne parle à elle-même ou si les mots ont suffi pour communiquer. C’est le drame de la communication . Par ailleurs, les personnages vont rompre avec le quatrième mur pour communiquer avec le public au lieu de communiquer entre eux. C’est le cas par exemple dans l’épilogue ,où Louis s’adresse au public. Il brise l’illusion du quatrième mur en s’adressant directement au spectateur. Lagarce