La banane
Essai d’interprétation historique d’une production agricole au passé indéfini et à l’avenir incertain…
Pascal MARGUERITTE (2)
Eléments pour servir à l'écriture et l'enseignement d'une histoire de la production bananière conçue comme un phénomène politique, économique et social global, fondamental à la compréhension de l'histoire martiniquaise et antillaise, des temps anciens comme du temps présent...
Les origines, du mythe à l'histoire.
Une "culture culturelle".
Les fondements de la réussite.
Une révolution sociale.
La banane est une production jeune, apparemment née vers 1928-1930. De cette émergence à 1994, environ soixante-cinq années s’écoulent, soit seulement une vie d’homme ou un peu plus de deux générations… Voilà qui est peu, de fait, pour faire l’histoire de la banane. Surtout en comparaison d’autres productions comme le sucre de canne qui a plusieurs siècles d’histoire, ou comme le blé, qui remonte à la nuit des temps… Une première question préalable se pose donc. Qu’est-ce que la banane aux Antilles ? A-t-elle une histoire ? Et peut-elle seulement s’écrire ?
Premier élément conceptuel : la banane, en Martinique, est une " production de diversification qui a réussi " (3). Il faut le dire, car on oublie trop souvent qu’elle n’a été développée systématiquement qu’à partir des années trente dans les Antilles françaises… Alors même qu’aujourd’hui cette culture donne l’impression d’avoir toujours fait partie de l’histoire antillaise. Or, sur un plan strictement historique, ce n’est pas le cas. Est-elle pour autant une production introduite ex-nihilo, à partir de rien ? Non plus, et là est l’originalité profonde de la question. Et toute sa complexité d’approche. Elle est vécue, ressentie comme faisant partie intégrante du " paysage mental et structurant " de la Martinique. Aujourd’hui, et même dès son émergence (4) !
Un second concept d’approche doit donc entrer en ligne de compte. Production