la beat generation
Le sens du mot beat est incertain : il peut signifier « battu », « vaincu » ou « battement » (par allusion au jazz), ou encore exprimer la « béatitude ». On retrouve cette racine dans beatnik (nik, gars) ; beatpeut s'employer seul comme adjectif. Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Gregory Corso, Lawrence Ferlinghetti, jeunes écrivains groupés à San Francisco en 1950, se baptisèrent eux-mêmes la Beat generation, la génération vaincue, la génération du tempo.
Pour comprendre ce mouvement et sa place dans l'avant-garde, il convient de rattacher sa révolte à une tradition libertaire et individualiste qui remonte au xixe siècle américain, lorsque l'injustice de certaines lois, en contradiction avec l'idéal démocratique américain, suscita les violentes critiques de Henry Thoreau. Cet écrivain, qui appelait à la « désobéissance civile » et qui condamnait le code matérialiste d'un pays dont, par ailleurs, il chantait la grandeur, a été reconnu par les beatniks comme un précurseur. L'Europe joue également un rôle majeur dans la genèse de ce mouvement. La « beat generation » lit avec ferveur William Blake, Artaud, Michaux, tandis qu'Aldous Huxley, qui séjournait alors sur la côte Ouest, lui fait découvrir la pensée orientale et l'usage systématique et « métaphysique » des hallucinogènes. Les beatniks admirent l'écrivain W. Burroughs, révolté et drogué, et Henry Miller, qui raille le « cauchemar climatisé » des États-Unis.
Cette double influence, européenne et américaine, explique l'ambivalence des rapports de la Beat generation avec son pays. D'une part, elle cherche à redécouvrir l'immense territoire américain, tel qu'il s'est offert aux premiers colons, à retourner aux sources de la liberté :
« Et j'attends que quelqu'un