Passant dans la rue un dimanche à six heures, soudain,
Au bout d'un corridor fermé de vitres en losange,
On voit un torrent de soleil qui roule entre des branches
Et se pulvérise à travers les feuilles d'un jardin,
Avec des éclats palpitants au milieu du pavage
Et des gouttes d'or - en suspens aux rayons d'un vélo.
C'est un grand vélo noir, de proportions parfaites,
Qui touche à peine au mur. Il a la grâce d'une bête
En éveil dans sa fixité calme : c'est un oiseau.
La rue est vide. Le jardin continue en silence
De déverser à flots ce feu vert et doré qui danse
Pieds nus, à petits pas légers sur le froid du carreau.
Parfois un chien aboie ainsi qu'aux abords d'un village.
On pense à des murs écroulés, à des bois, des étangs.
La bicyclette vibre alors, on dirait qu'elle entend.
Et voudrait-on s'en emparer, puisque rien ne l'entrave,
On devine qu'avant d'avoir effleuré le guidon
Éblouissant, on la verrait s'enlever d'un seul bond
À travers le vitrage à demi noyé qui chancelle,
Et lancer dans le feu du soir les grappes d'étincelles
Qui font à présent de ses roues deux astres en fusion. La première partie du commentaire pouvait porter sur le cadrage du récit, la mise en place des circonstances, la création d'une temporalité et surtout d'une ambiance dominée par l'incandescence lumineuse : *rôle du participe présent (vers liminaire, « Passant dans la rue un dimanche à six heures »), construit avec un complément circonstanciel de lieu et un groupe prépositionnel exprimant une temporalité précise) ;
*repères temporels (complément circonstanciel de temps « à six heures », adverbe « soudain », le verbe transitif « continue de », l'adverbe temporel « alors ») ;
*référence aux éléments extérieurs (« la rue est vide » au vers 10, « un chien » qui « aboie ainsi qu'aux abords d'un village » au vers 13).
Ces éléments conduisent à la perception de l'effet de la lumière : une aurore saturée par les rayons du soleil...
*Le rôle de la lumière,