La bruyère dissertation

2507 mots 11 pages
" [ Le public] peut regarder avec loisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature, et s'il se connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger. C'est l'unique fin que l'on doit se proposer en écrivant [...] On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l'instruction." ( Préface Pour La Bruyère, l'acte d'écrire n'est pas gratuit, et doit obéir à une fonction didactique. Or, dans la première remarque des Caractères, en affirmant que " Tout est dit et l'on vient trop tard depuis sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. Sur ce qui concernent les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé ; l'on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes." ( Des ouvrages de l'Esprit, 1), La Bruyère ne remet-il pas en cause son projet d'écriture ? Si "tout est dit", cela signifie-t-il qu'il n'y a plus de matière, que tous les sujets concernant les mœurs ont été épuisés et que dés lors, Les caractères ou les mœurs de ce siècle, ne seraient qu'une imitation des anciens ? Et encore cette imitation serait-elle fade et moins belle puisque " le plus beau et le meilleur" ont été dit et dans ce cas pourquoi écrire ? Loin de considérer cette remarque inaugurale comme une façon habile pour l'auteur d'appeler l'indulgence du lecteur il nous semble au contraire qu'elle inscrit Les Caractères dans une continuité littéraire, non seulement parce qu'ils sont placés juste après la traduction des Caractères de Théophraste, mais parce que les sujets abordés dans les différents chapitres sont intemporels et que la Bruyère, en les actualisant, participe à l'étude des comportements humains. Si de fait la matière n'est pas nouvelle, " Horace et Despréaux l'a dit avant vous. - Je le crois sur votre parole ; mais je l'ai dit comme mien. Ne puis-je pas penser après eux une chose vraie, et que d'autres penseront encore après moi." ( Des ouvrages de l'esprit, 69) il n'en demeure pas moins que l'organisation de la matière et le choix du

en relation