La bêtise dans madame Bovary
800 mots
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Madame Bovary, envisagé au point de vue philosophique, n’est point moral. En effet, on trouve dans ce roman de la tentation la dénonciation de la médiocrité et de la bêtise du discours social. Flaubert vilipende la vacuité et le vide des idées reçues bref l’imagerie romanesque. Il révèle la faillite du langage et du discours lorsque celui-ci est sclérosé, mensonger, bloqué ou envahi par la bêtise. Le discours d’Homais en est une illustration emblématique. Il ne pense pas par lui-même et ne parle qu’à travers une série de poncifs d’origines diverses. Grotesque, impertinent et insupportable, ses idées reçues et ses phrases toutes faites en font une caricature du petit bourgeois ambitieux et prétentieux. C’est ce qu’on peut d’ailleurs lire à travers ces propos qu’il adresse à Hippolyte : « par humanité, je voulais te voir débarrassé de ta hideuse claudication » (Madame Bovary, p. 153). C’est donc un personnage non seulement ridicule et odieux, mais bête, d’une bêtise pernicieuse et même dangereuse puisqu’elle prétend lutter contre la bêtise commune. C’est elle que Sartre appellerait « bêtise de deuxième instance »
De même, Rodolphe est un représentant de la médiocrité. Il est lui aussi adepte de ceux qui utilisent le langage à des fins personnelles. Avatar dégradé et médiocre de Don Juan, il cultive l’art de la séduction par les mots. Il sert à Emma les mots qu’il attend pendant les scènes de comices et utilise les mêmes poncifs romantiques dans sa lettre qui est un « modèle de goujaterie et de romantisme bien assimilé. » (Gérard Gengembre, 1990 : 54) C’est à propos de Rodolphe et particulièrement au sujet de son insensibilité que Flaubert affirme concis et péremptoire : « […] La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. » (Madame Bovary, 227) Par cette accumulation de métaphores, Flaubert montre le caractère dérisoire du langage, toujours trop pauvre ou trop éculé pour