La Caraibe danse ses mots
LE MONDE CULTURE ET IDEES | 23.04.2015 à 12h45 • Mis à jour le 23.04.2015 à 13h56 | Propos recueillis par Raphaëlle Rérolle (Guadeloupe, envoyée spéciale)
Des pays distincts, des langues différentes, des populations aux origines diverses, la Caraïbe forme une guirlande à plusieurs facettes, chacune dotée de son histoire particulière. Cet ensemble possède pourtant une identité commune, qui se manifeste à travers la culture et notamment la littérature. C’est l’un des postulats de l’Association des écrivains de la Caraïbe, qui a tenu son quatrième congrès en Guadeloupe, avec le soutien du conseil régional. Pendant quatre jours, du 15 au 18 avril, des auteurs venus de Guadeloupe ou de Martinique, de Cuba, d’Haïti, de Trinidad et Tobago, de Panama ou d’Anguilla ont débattu ensemble du thème de la diaspora dans la littérature caribéenne. Parmi eux, l’écrivain et poète guadeloupéen Daniel Maximin, né en 1947. Invité d’honneur de la manifestation, il définit les contours de cette identité marquée par le métissage et la lutte pour la liberté.
Au commencement était la géographie
La nature joue un rôle essentiel dans cette identité commune : l’arc caraïbe a la particularité d’être un archipel. De chacune des îles, on en voit toujours une autre, ce qui atténue la sensation d’isolement. Leur histoire est faite de mouvement, d’allée et venues, de rencontres. Toutes les grandes puissances européennes sont venues occuper ce petit morceau des Amériques : le Royaume-Uni, la France, le Portugal, l’Espagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède…Des centaines d’ethnies africaines y ont été déportées et réduites en esclavage. Quatre langues sont restées : l’anglais, l’espagnol, le français, presque à égalité numérique aujourd’hui, et le créole, né de l’esclavage, qui porte les traces des trois précédentes. Dans les Caraïbes, on a toujours de l’autre à portée de main, ou d’oreille.
Chaque île est aussi reliée aux autres par les séismes, les cyclones, les