La caraïbe, une autre méditerranée ?
L’idée d’une Méditerranée américaine, formulée par Alexandre de Humboldt et magistralement reprise par Elisée Reclus dans sa Nouvelle Géographie Universelle en 1891, s’appuie sur des analogies concernant les grands ensembles de relief observés de part et d’autre de l’Atlantique : des bassins maritimes fermés par des ensembles continentaux ou par des chaînes archipélagiques, des mondes de péninsules, de presqu’îles, d’archipels, de détroits, de canaux… Après une longue période de disgrâce, particulièrement marquée en France, cette représentation est remise à l’honneur par l’équipe d’Hérodote qui consacre le numéro 27 de la revue, paru en 1982, à « la Méditerranée américaine ». D’autres géographes s’aventurent en proposant d’étendre ce concept à l’Asie du Sud-est, à l’aire circumpolaire voire aux méditerranées atlantiques ! Les principales caractéristiques communes aux méditerranées sont les suivantes :
- elles rassemblent un grand nombre d’Etats et de territoires, autour d’un espace maritime semi fermé relevant du 2ème ordre de grandeur (plusieurs milliers de kilomètres) ;
- elles établissent, entre leurs rives, des relations intenses au travers des échanges économiques et des flux migratoires;
- elles présentent des inégalités marquées dont témoignent les écarts économiques et sociaux ;
- elles mettent en contact des aires culturelles ou de civilisations en situation de confrontation ou d’interpénétration ;
- situées sur la zone de fracture Nord Sud de dimension planétaire, elles remplissent des fonctions de frontière ou d’interface.
1. L’invention de la Caraïbe
A l’instar de la Méditerranée de l’Ancien Monde dont le concept a été construit par les géographes et les historiens pour enfin s’imposer et faire sens, dans la seconde moitié du XIXe siècle au point de créer une identité méditerranéenne, la Caraïbe est une construction de l’esprit. Brièvement retracée,
L’histoire du mot « caraïbe » permet d’interroger une