La castration
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Précis: Pouvez-vous expliquer précisément ce qu'on entend par "castration chimique" ?
Pierre Lamothe: La communauté française n'aime pas ce terme et préfère employer l'expression "aide chimique au contrôle des pulsions". Il y a plusieurs médicaments qui peuvent être utilisés, mais l'une des voies est de travailler au niveau hormonal, en sachant que les hormones ne font pas tout dans la pulsion sexuelle. En particulier, il n'y a pas de proportion entre taux d'hormones circulant dans le sang et intensité des pulsions sexuelles.
Le principe est d'attaquer à deux niveaux possibles : soit en périphérie, sur les hormones qui sont déjà dans le sang, en les rendant inactifs, soit en empêchant leur production au niveau central, en trompant en quelque sorte le système de régulation, comme s'il retrouvait une situation pré-pubertaire.
Le premier traitement anti-hormones est un traitement oral, l'autre est un traitement intramusculaire. Serge Stoléru mène actuellement une étude ambitieuse et respectueuse de l'éthique pour tester objectivement l'efficacité de ces deux techniques l'une contre l'autre.
abankor: Pensez-vous que Frédéric Lefebvre accepterait, pour l'exemple et par conviction, que l'on expérimentât sur lui la castration chimique ?
Pierre Lamothe: Nous avons beaucoup plus de volontaires pour la castration chimique que d'indications médicales réelles. Il est habituel chez le pervers de déclarer que son comportement s'origine à l'extérieur de lui-même. Si ce sont ses hormones ou ses gènes qui déclenchent ses pulsions, il peut en être quasiment spectateur en disant : "Ce n'est pas ma faute. Soignez-moi et tout rentrera dans l'ordre". Et cette demande est très ambiguë et n'est pas un très bon préalable aux soins.
Le soin consiste au contraire à réconcilier un pervers avec son fonctionnement pour qu'il le contrôle et non pour qu'il en soit l'esclave