La chanson de geste
1. Un genre aux origines incertaines
* Comme son nom l’indique, la chanson de geste est un poème destiné à être chanté, et qui relate des hauts faits (latin « gesta » ). Pour le public du XIIe siècle, les événements appartiennent largement au passé, puisqu’ils relatent des exploits guerriers de l’époque de Charlemagne (VIIIe siècle). La chanson de geste a donc une double fonction : entretenir un idéal chevaleresque (en s’appuyant sur un passé héroïque), et permettre à chaque copiste ou chanteur de compléter ou modifier le poème à sa guise, sur une trame assez lâche. * Les origines de la chanson de geste sont incertaines. On a d’abord cru qu’il s’agissait d’un « collage » de chansons transmises oralement, sorte d’œuvre collective entretenue par la mémoire populaire. Le médiéviste J. Bédier récuse cette idée en montrant que la chanson de geste apparaît tardivement (au XIe siècle), au moment des croisades ; le clergé en serait donc l’auteur, voulant entretenir l’esprit de reconquête (la « Reconquista ») et offrir des modèles de piété et de courage à la foule. Diverses thèses continuent à être soutenues. Mais toutes hésitent entre les deux principales sources possibles : une transmission populaire ininterrompue et sans cesse remaniée ; une composition individuelle, assurant à l’œuvre son unité et son achèvement. * Le genre, en tout cas, connaît un développement considérable en trois siècles (XI-XIVe siècles) : 80 chansons de geste, dont les dimensions varient de 1000 à 20000 vers.
2. La technique littéraire de l’épopée
* L’épopée est chantée ou psalmodiée en public. Les termes « Oyez », « Ecoutez », font allusion aux auditeurs et déterminent un style oral. D’autre part le texte contient des formules et un système de strophe, avec de nombreuses répétitions, qui devaient aider la mémoire du conteur, du « jongleur » ou du copiste. La strophe (nommée « laisse épique ») est une structure qui réunit un nombre