La cinquième république, souveraineté nationale ou populaire ?
« La souveraineté, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Cette citation d’Abraham Lincoln et, avant lui, Périclès, illustre la théorie développée par Sieyès au 18ème siècle sur la souveraineté nationale. Selon cette théorie, la Nation est seule à détenir le pouvoir souverain, puissance publique suprême qui ne peut être concurrencé par aucun autre pouvoir interne. Elle caractérise les régimes démocratiques. Il existe cependant deux théories qui s’opposent : la théorie de la souveraineté populaire et la théorie de la souveraineté nationale. La première, la souveraineté populaire, a été développé par Rousseau dans le contrat social. Selon cette théorie, chaque citoyen détient une part de la souveraineté qu’il exerce dans le cadre du peuple, ensemble concret des citoyens. La souveraineté populaire se traduit par une démocratie directe avec suffrage universel. La seconde, la souveraineté nationale, a été théorisée par Locke et Montesquieu au 17ème et 18ème siècle. Cette théorie fait appel à la Nation, entité abstraite qui comprend les générations passées et futures. Elle se traduit par un régime représentatif car la Nation étant fictive, elle ne peut gouverner directement. On comprend ainsi que la différenciation entre ces deux théories réside dans le système d’application de la souveraineté et par la qualification du détenteur de cette souveraineté dans l’organisation du gouvernement politique. Si le régime fait appel à des représentants, c’est la théorie de la souveraineté nationale qui s’applique. Si la démocratie est directe, c’est la théorie de la souveraineté populaire. Mais cette distinction n’est pas aussi évidente. Pour reprendre la citation de Lincoln, « la souveraineté est le pouvoir […] par le peuple, pour le peuple » : le peuple est à la fois émetteur et récepteur de ce pouvoir.
Dès 1789, et après l’effondrement de la théorie de la souveraineté absolue, les