La collecte du coran
Ces regards rétrospectifs nous décrivent, sans que les auteurs prennent position, un geste fondateur pour la communauté musulmane, c'est-à-dire la fixation de la vulgate coranique après la mort du Prophète, donc sans que les acteurs de cette collecte aient a priori son ascendant spirituel, ce qui pose un certain nombre de problèmes qui nous allons étudier.
On a donc la description d’une période de transition entre un Coran prophétique, issu de la bouche du Prophète, et un Coran historique, formé à partir des traces orales ou écrites de sa réception parmi les premiers musulmans. Il se présente à la fois comme un enjeu d’organisation de la communauté musulmane, mais aussi peut-être comme un enjeu dans la légitimation du politique par le religieux. ð Question : pourquoi et comment instituer une tradition religieuse ? Avec cette transition qui se veut sauvegarde d’une tradition, la continuité religieuse l’emporte-t-elle vraiment sur la rupture historique ?
I- Le Coran, Livre sacré à manier avec prudence a) Précautions particulière des auteurs : une chaîne de transmission validant leur discours
Dans nos passages, un même événement peut être relaté sous la forme de plusieurs récits fragmentaire (cf. Texte 1 d’Ibn Abi-Dawud), récits différents issus d’informateurs différents qu’Ibn Abi-Dawud confronte dans son premier texte par exemple. Il fonde sa réflexion sur deux éléments : le premier, c’est combien de gens garantissent chaque version du récit => ici le fait qu’il y ait uniquement un certain Ash’ath qui fasse d’Ali le