La colonisation
Les mots ayant aussi une histoire et un sens bien précis pour cette question, il faut bien distinguer :
-la colonisation : la domination exercée par les métropoles coloniales sur des territoires extra-européens ; le terme renvoie à l’organisation et à l’exploitation de ces territoires, mais également à la mise en cause de cette domination. Elle repose sur une triple égalité.
1/une inégalité politique : la colonie a des obligations sans réciprocité : par exemple aucune liberté syndicale en France avant 1945 alors qu’elle est reconnue par la 3° Rép en 1884 (sous peine d’emprisonnement et d’amende). Par ailleurs le gouverneur a la possibilité de juger en même temps qu’il exécute les décisions administratives, donc il n’y a pas de séparation des pouvoirs. Il fait passer devant son propre tribunal ceux qui commettent des infractions.
2/une inégalité économique : maintien d’un régime de travaux forcés (quasi-corvée) malgré l’abolition de l’esclavage et ce jusqu’en 1946. Les colonies sont victimes d’une fuite des capitaux (le « brain » britannique). Cette inégalité ne se réduit pas aux territoires colonisés mais s’étend, entre autres, à l’Amérique latine (« drapeau mis à part, l’Argentine est avant 1914, une colonie britannique » écrit R.Rémond), à la Russie où les Européens détiennent des parts dans les mines de Donetz, la métallurgie et le textile à St Petersbourg et Moscou. Tous sont soumis au « pacte colonial ». 3/une inégalité culturelle : exportation de la civilisation sans réciprocité. « Le monde a été à l’école de l’Europe » écrit R.Rémond.
-le colonialisme : la doctrine, l’idéologie qui préconise l’établissement et le développement de colonies, considérées comme une source de puissance pour la nation qui les possède.
-le système colonial : l’ensemble des acteurs qui participent au processus de colonisation, et croient ou non au colonialisme, ainsi que leurs motivations, leurs arguments. Ces acteurs