La communauté mythique (besoin de sens)
C'est l'espace proprement humain que l'on trouvera ici critiquement fondé. Il s'agit d'un espace de fiction, c'est-à-dire d'initiative poétique - et donc créatrice - au sein duquel nous pouvons, êtres incomplets que nous sommes, et même devons nous donner forme, nous susciter ou recréer nous-mêmes, non pas enfermés dans le stérile défi solipsisme désespérément souverain, mais en faisant appel au seul type de langage dont un sens-pour-nous puisse jamais jaillir. 11
"Avant d'être les enfants de nos parents, nous sommes les enfants d'un texte". En un mot, la matière abordée ici au stade de son élaboration première, on la retrouve dans l'oeuvre de Legendre au stade de son institutionnalisation dogmatique dans la politique. 18
L'ethnologie, plus encore que la sociologie, rend manifeste à quel point l'individu dépend du social, à quel point la notion même d'individu est problématique tellement nous sommes entièrement façonnés par notre culture. On s'est d'abord rassuré en s'imaginant que nous étions différents de ces "sauvages" "primitifs" (avaient-ils une âme?), mais l'histoire des mentalités, des idéologies, des croyances a bien montré, de Kuhn à Foucault ou Legendre, comme nous en étions au même point. On peut donc dire avec Lucien Goldmann que "l'hypothèse du sujet individuel est une idéologie déformante, élaborée elle-même par un sujet collectif" (Épistémologie et philosophie politique p95 Médiations). Sans dénier qu'il y a bien une existence individuelle dans ses dimensions biologique, biographique et relationnelle, "L'essence humaine n'est pas une abstraction inhérente à l'individu isolé. Dans sa réalité, c'est l'ensemble des rapports sociaux." (K.Marx Thèses sur Feuerbach no 6). L'individu isolé a même une tendance naturelle à sombrer dans la folie, nous avons besoin des autres pour nous assurer de la réalité (nous faire une opinion) et surtout c'est le désir des autres qui nous fait vivre.
L'individu humain n'est