La communauté politique
Spinoza, Traité théologico-politique, 1670
« Puisque les hommes, lorsqu'on les laisse libres, portent des jugements très variés et qu'il est impossible de faire en sorte que tous pensent et disent la même chose, il serait impossible d'établir une coexistence paisible si chacun n’avait pas renoncé au droit d’agir selon sa propre décision. En d’autres termes, chaque individu a bien renoncé au droit d’agir selon sa propre volonté, mais il n’a rien abandonné de son droit de raisonner, ni de juger.
D’où la conséquence : Certes, nul ne peut, sans menacer le droit de la souveraine Puissance[1], accomplir une action qui aille contre la volonté de celle-ci ; mais les exigences de la vie dans une société organisée n’interdisent à personne de penser, de juger et, par suite, de s’exprimer spontanément. A condition cependant que chacun se contente d’exprimer ou d’enseigner sa pensée en ne faisant appel qu’aux ressources du raisonnement, et s’abstienne donc de chercher appui sur la ruse, la colère ou la haine. […]
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