La confiance en soi
L’histoire de Victor
Jean-François LAURENT, enseignant, formateur, chercheur jean-francois.laurent@chello.fr
J’ai beau changer de métier dans l’enseignement : directeur, formateur, enseignant, rééducateur, j’ai beau changer de pays pour découvrir d’autres systèmes proches de nous, j’ai beau multiplier les rencontres, tourner les concepts dans tous les sens, j’ai beau, beau, beau… c’est un adjectif qui sonne mal actuellement pour trop nombreux d’entre nous. J’ai mal à ce qu’on nous a fait subir. J’ai mal à ce qu’on fait subir à nos enfants. J’ai mal en notre capacité à modifier le sens de l’éducation. Et si nous nous trompions ou plutôt, si nous n’arrivions pas à comprendre la première mission qui devrait nous habiter, guider nos pratiques : d’abord préserver puis développer la confiance de chacun, la confiance en soi, un imago positif, un narcissisme bien développé. Appelez-le comme il vous convient, mais c’est bien de cette possibilité de chacun d’être lui-même, elle-même, confiant, assuré, enraciné. Quelle est cette machine infernale que nous avons élaborée pour élever nos enfants ? J’entends « élever » au sens premier du terme. Pourquoi asseoir notre autorité en abaissant l’autre, l’humiliant, le faisant taire, détériorant petit à petit, au fil des classes, des conflits, des errements cognitifs, des incompréhensions, des fautes, des écarts à la norme idéale ? De quoi je parle ? Quelle mouche me pique ? Oui, la mouche de la honte à force d‘entendre, d’analyser, d’avoir pratiqué au début une pédagogie, une relation éducative, un autoritarisme destructeur. Nous allons l’illustrer avec quelques exemples parlants mais si nombreux dans la vie d’un petit bonhomme qui aura du mal à se redresser une fois l’age adulte atteint et qui préfèrera vivre
J.-F. Laurent Développer la confiance en soi
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petitement, jonglant en cancer en dépression, d’alcool en violence, ou simplement de match de foot en série américaine… Victor est né il