La Controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière
Résumé et analyse de la pièce
Un procès :
Cette pièce a la forme d’un procès. Les « prévenus », les inculpés, ceux qui vont être jugés, ce sont bien sûr les Indiens d’Amérique qui vont d’ailleurs être appelés à comparaître au cours de l’audience. Pour Las Casas, ce sont des « victimes », pour Sépulvéda, ils ne sauraient l’être. De quoi accuse-t-on les Indiens ? De ne pas être des hommes, de ne pas avoir d’âme, d’être des sauvages, en un mot, de ne pas appartenir à l’espèce humaine, ou d’appartenir à une catégorie d’hommes tout en bas de l’échelle des « races ». Ils seraient inférieurs aux Européens. Leur domination et l’esclavage s’en trouveraient ainsi justifiés.
Une pièce de théâtre sans acte ni scène :
Notons la liberté que Carrière prend par rapport aux codes du théâtre classique : la pièce n’est pas découpée en actes ni en scènes. Il n’y a même pas de subdivisions en « tableaux » (qui sont l’équivalent des « actes » du théâtre classique et qui insistent sur l’importance des décors et l’autonomie de l’action) comme le font souvent les dramaturges du XXe siècle. Il n’y a ici aucun découpage vraiment marqué.
La durée de l’intrigue et « l’unité de temps » :
Seules les didascalies – pour le spectateur ce sont surtout les changements d’éclairage (par exemple, p. 68 : « le noir se fait » ; p. 72 : « le noir revient » ; et p. 106-107) - et les dialogues (p. 72 : « Que la lumière du Seigneur soit sur nous aujourd’hui comme hier ») indiquent les pauses dans cette controverse. L’action se déroule sur trois jours, mais tout est fait pour gommer ces interruptions et resserrer l’action – si bien que ces trois jours semblent n’en faire qu’un. Carrière renoue ainsi avec la règle de l’« unité de temps » chère au théâtre classique. (L’« unité de temps » dans la tragédie classique était fort stricte puisqu’elle prescrivait de bâtir une intrigue qui concentrât l’action en vingt-quatre heures ou même en quelques