La dame de pique
La Dame de pique suivi de
Le Hussard
BeQ
Alexandre Pouchkine
1799-1837
La Dame de pique suivi de Le Hussard traduit du russe par
Prosper Mérimée
La Bibliothèque électronique du Québec Collection À tous les vents Volume 13 : version 1.5
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Du même auteur, à la Bibliothèque : La fille du capitaine
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La Dame de pique
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I
On jouait chez Naroumof, lieutenant aux gardes à cheval. Une longue nuit d’hiver s’était écoulée sans que personne s’en aperçût, et il était cinq heures du matin quand on servit le souper. Les gagnants se mirent à table avec grand appétit ; pour les autres ils regardaient leurs assiettes vides. Peu à peu néanmoins, le vin de Champagne aidant, la conversation s’anima et devint générale. « Qu’as-tu fait aujourd’hui, Sourine ? demanda le maître de la maison à un de ses camarades. – Comme toujours, j’ai perdu. En vérité, je n’ai pas de chance. Je joue la mirandole ; vous savez si j’ai du sang-froid. Je suis un ponte impassible, jamais je ne change mon jeu, et je perds toujours ! – Comment ! Dans toute ta soirée, tu n’as pas
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essayé une fois de mettre sur le rouge ? En vérité ta fermeté me passe. – Comment trouvez-vous Hermann ? dit un des convives en montrant un jeune officier du génie. De sa vie, ce garçon-là n’a fait un paroli1 ni touché une carte, et il nous regarde jouer jusqu’à cinq heures du matin. – Le jeu m’intéresse, dit Hermann, mais je ne suis pas d’humeur à risquer le nécessaire pour gagner le superflu. – Hermann est Allemand ; il est économe, voilà tout, s’écria Tomski ; mais ce qu’il y a de plus étonnant, c’est ma grand-mère, la comtesse Anna Fedotovna. – Pourquoi cela ? lui demandèrent ses amis. – N’avez-vous pas remarqué, reprit Tomski, qu’elle ne joue jamais ? – En effet, dit Naroumof, une femme de quatre-vingts ans qui ne ponte pas, cela est extraordinaire.
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Doubler la mise. 6
– Vous ne savez pas le pourquoi ? – Non. Est-ce qu’il y a une raison ? – Oh ! bien,