la democratie
La définition classique de la démocratie, c’est « le gouvernement du peuple par le peuple » ; mais, une fois qu’on a dit ça , on s’aperçoit que l’application concrète pose des problèmes, puisque tout le monde, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, proclame « Le peuple, ce n’est pas l’autre, c’est moi ! »...
Pour ma part, je vois plutôt la démocratie comme la poursuite non sanglante de la guerre civile, dans laquelle les élections ont remplacé les révolutions, les barricades, les fusillades, ou encore les dagues et les poisons des Borgia pour assassiner politiquement un rival qu’il n’est désormais plus nécessaire d’assassiner aussi physiquement.
Je trouve à la démocratie deux qualités et deux défauts majeurs ; commençons par les défauts, pour pouvoir finir par une note optimiste, celle des qualités.
I –Les deux défauts majeurs de la démocratie
1- La démocratie directe est structurellement conservatrice ; ce n’est pas un processus qui permet de bouleverser facilement les habitudes et de rompre radicalement avec le passé ; elle manque d’imagination créatrice, et elle est plus sensible à toutes les formes de démagogie et d’émotion ; c’est à son système de « votations référendaires » que la Suisse doit de n’avoir accordé le vote aux femmes au niveau fédéral qu’en 1971, car l'introduction du suffrage universel aux niveaux fédéral nécessite, d’après sa Constitution, le vote de la majorité des électeurs, en l'occurrence masculins, par référendum ; ou encore d’avoir interdit, par un autre référendum, la construction de nouveaux minarets sur son territoire, alors qu’il n’en existe pratiquement aucun : c’est la démocratie du fantasme.
2 - Contrairement aux dictatures, les démocraties donnent une pénible impression d’avoir beaucoup de mal à prendre des décisions, puis à les mettre en œuvre ; il faut que le parti au pouvoir négocie un compromis entre ses différents courants, puis, s’il n’a pas la majorité