La dentelliere, le ble en herbe, antigone
Pomme doit son surnom à ses joues lisses et pleines comme des fruits, rebondies et presque luisants. Ce n'est pas vraiment une jolie fille, elle n'est ni gracieuse, ni délicate, ni svelte. Au contraire, elle a plutôt, dès 14 ans, des formes rondes et une sorte de solidité, de présence comme les femmes dans les tableaux de Vermeer notamment la Dentellière. Une vie bien ordinaire...
Le père de Pomme est parti lorqu'elle était enfant. C'était un homme doux mais instable qui avait l'habitude de partir et de revenir et qui, un jour, est parti mais n'est plus revenu, après que sa femme l'ait gentiment aidé à préparer sa valise en connaissance de cause. La mère de Pomme a alors pris un travail de serveuse et prostituée, là aussi en connaissance de cause, c'est à dire qu'elle ne s'est pas retrouvé sur le trottoir mais qu'on lui a proposé le job et qu'elle a simplement accepté de le faire. Pendant l'enfance de Pomme, elle et sa mère vivent dans un village du Nord de la France, dans une maisonnette ordinaire, un peu abandonnée. Toutes deux ont un caractère tranquille qui leur fait accepter leur sort sans se poser de questions, accueillant joies et peines de manière égale, sans surprise, comme cela vient, au jour le jour. "Pomme était ronde et lisse intérieurement comme au physique : aucune aspérité ne venait contrarier le cours de choses sur elle". ... pour une jeune fille sans histoire et sans émotions
Dans les années 60, à l'âge de 17 ans, la jeune fille déménage avec sa mère dans une cité de la grande banlieue parisienne. A l'abandon de la petite maison de village délabrée succède l'ordre et le sérieux d'un deux-pièces urbain moderne. La mère trouve une place de vendeuse dans une crèmerie et s'achète une conduite. Pomme, elle, trouve une place de shampouineuse et bonne à tout faire dans un salon de coiffure huppé à Paris. En grandissant Pomme n'a pas changé, elle