La démocratie
En l'espace de quelques semaines, le monde arabe est entré dans une nouvelle ère, marquée par l'accélération de l'Histoire. Le vent irrépressible de la liberté est en train de balayer les frontières ainsi que les murailles physiques et mentales qui avaient longtemps condamné nos peuples aux affres de la division, de l'impuissance, de la régression intellectuelle, de la montée de l'intégrisme, de l'étranglement des libertés, de l'accaparement par une minorité d'immenses richesses et leur dilapidation éhontée, de la misère sans fond de larges couches sociales, du maintien des femmes dans une condition inférieure, de la fuite des cerveaux et du désespoir de la masse désœuvrée des jeunes. Désormais, la peur, la soumission, l'impossible ne font plus partie du vocabulaire arabe. Ils ont cédé la place au courage, à la dignité, à l'imagination créatrice. L'idée de démocratie rime avec celle de souveraineté populaire. Voilà le message que les nouvelles générations de toutes les places At-Tahrir ont envoyé à nos gouvernants, nos classes politiques, nos élites intellectuelles et, au-delà des murailles arabes menaçant ruine, au reste du monde.
Ce message limpide, relayé au Maroc par le mouvement de la jeunesse du 20 février, a-t-il été vraiment entendu? On peut en douter. La thèse de l'exception marocaine, défendue ardemment par l'appareil gouvernemental et différentes officines partisanes, relève d'un instinct de conservation primaire. Outre le manque de clairvoyance