Sur le grand chemin, les charretiers faisaient claquer leur fouet, les carrioles chargées de victuailles revenaient du marché. Au détour d’une rue donnant sur la grand place, Maitre Hauchecorne, vit arriver à ses côtés un fougueux attelage trottant fièrement, le poitrail bombé. C’était là les chevaux du bourrelier qui, attelés d’un harnachement neuf, se dirigeait vers le marché pour exposer ce nouveau matériel en cuir poli. Le bourrelier qui trônait arrogamment au sommet de la carriole, une main à la rêne et de l’autre le fouet, chantonnait au pas des bêtes. En apercevant Maitre Hauchecorne, il ralentit l’allure, bien désireux de lui faire voir là son beau travail. De l’autre côté de la place du marché, le ton changeait, un vacarme s’élevait bientôt de la place, sans doute une bagarre avait éclaté. Un chien apeuré vint trouver refuge entre les antérieurs d’un des chevaux. C’est alors que la monture, agitée par ce tumulte assourdissant et cette bête remuant entre pattes, rua de toute ses forces pour se dégager de l’étreinte des enrênements. Il réussit à s’échapper de la main du bourrelier, la nouvelle bride avait cédé. Maitre Hauchecorne agita les bras pour retenir la bête qui galopait à bride abattue vers lui. Il agrippa vivement le licol déjà en lambeau sur le chanfrein du cheval qui s’immobilisa. Encore apeuré, l’animal cherchait à fuir, Maitre Hauchecorne se sentait lâcher la bride. C’est à cet instant qu’il se rappela de la ficelle. Celle qu’il venait d’acquérir non sans douleur, et dont il comptait faire bon usage. Il enfonça la main dans sa poche, saisit la petite ficelle qu’il attacha aux deux extrémités rompues du licol. Le cheval bien en main, il revint sereinement vers l’attelage désuni. Applaudissements et franc succès accueillirent son exploit. De tout coté de braves et rudes mains s’avançaient afin de serrer la sienne ou de frapper amicalement sur son épaule. Tous voulaient un exemplaire de cette nouvelle brise alliant cuir et corde. Sa