« Les animaux malades de la peste », Fables de Jean de La Fontaine, 1678.

Fable animalière avec morale explicite. Le choix d’écrire un texte hétérométrique (alexandrins, octosyllabes et même un vers de 3 syllabes) correspond à la volonté de l’auteur de jouer sur la longueur des vers pour accroître l’impact de ses propos.
Résumé : la peste sévit dans le royaume. Le roi pense que le fléau a été envoyé par Dieu pour punir les péchés des habitants, et propose donc que chacun avoue ses fautes pour décider de celui qui est le plus coupable et qui devra donc se sacrifier pour apaiser la colère divine( Satire sociale de la Cour et de la justice.
Voir biographie de La Fontaine : lui-même a eu des ennuis avec Louis XIV (Son premier mécène, le surintendant Fouquet, fut arrêté en 1661 sur ordre du Roi car ce dernier était jaloux de ses richesses et des artistes qui l’entouraient. La Fontaine lui est néanmoins toujours resté fidèle, ce qui ne fut guère apprécié du Roi.)

I. Etude des champs lexicaux. 1. Champ lexical du malheur et de la mort.
(« mal » est répété aux vers 1 et 2. De plus, le narrateur ne précise qu’il ne s’agit de la peste qu’au vers 4. Il crée donc un effet d’attente.
L’idée de mort et de malheur est reprise par la périphrase du vers 5 « enrichir l’Achéron », par l’oxymore « mourante vie » au vers 9 (le choix de l’alexandrin accentue d’ailleurs la dimension pathétique) et par le vers 7 « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » (Choix de l’alexandrin + césure à l’hémistiche + chiasme sémantique et rythmique 4/2//2/4 ( Le narrateur insiste sur le caractère implacable du fléau.
( Aux vers 8, 10, 11, 14, on peut noter une abondance de négations : les animaux n’ont même plus le goût de vivre, de manger, de chasser, d’aimer, ils vivent dans la « terreur » (v.1). Du vers 10 à 14, on a d’ailleurs une série de 5 octosyllabes qui accentue l’impression d’accablement écrasant les animaux. Les vers eux-mêmes