La forme
La liberté symbolise la liberté de l’âme par définition. En ce sens, chaque poète réinvente la poésie, et la tradition et les formes fixes homologuées par le passé de l’histoire littéraire peuvent alors se dresser comme de véritables remparts face à cette même liberté.
1) La forme peut parfois empêcher l’évolution nécessaire de quelque chose. En effet, après avoir connu une période de magnificence forgée par le génie des poètes de la Pléiade, le sonnet finit par s’épuiser au début du XVIIIe siècle et par sombrer dans l’oubli. Molière, à la fin du XVIIe siècle, dans sa pièce Le Misanthrope ironise déjà sur le ridicule de nombre de poètes sans inspiration, comme Oronte, qui s’essaie à écrire des sonnets. (scène 2, acte). I) On retrouve ici les critiques de Molière contre une certaine poésie brillante mais qui manque, selon lui, d’un véritable naturel.
2) Avec certains poètes, on a parfois l’impression qu’ils sacrifient l’expression personnelle, c’est-à-dire l’authenticité même du lyrisme, pour les impératifs formels. C’est le cas de Pierre de Ronsard qui est décrié comme l’un des poètes français les plus importants du XVIème siècle. En effet, dans son recueil de poème « Sonnets pour Hélène » paru en 1578, on peut parfois s’interroger sur sa sincérité. Il est vrai que les sonnets dédiés à Hélène sont parfois plus des hommages rendus aux poètes de l’Antiquité et à la belle enlevée par Pâris, qu’à la jeune fille qu’il convoite.
3) La forme peut se révéler être un obstacle direct face aux sentiments et ainsi trahir la notion d’ « expression libre » qui en est le fondement. On peut l’observer dans la dernière strophe du poème « Un sonnet avec la manière de s’en servir » de Tristan Corbière Je pose 4 et 4 = 8 ! Alors je procède, En posant 3 et 3 ! - Tenons Pégase raide : " O lyre ! O délire ! O... " - Sonnet - Attention ! Tout devient mathématique ou systématique et