La Grasse Matine E
Lignes 1-4 :
Jacques Prévert nous fait percevoir le monde à travers cet homme. Nous sommes pour ainsi dire dans sa tête, dans ses pensées (point de vue interne). Le personnage perçoit tout d'abord un bruit (“il est terrible le petit bruit de l’oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain”). Le début du poème produit un effet de surprise et d'attente. L'anaphore de l'adjectif “terrible” et la répétition du refrain : “Il est terrible le petit bruit de l'oeuf…” accentuent la gravité du sujet.
Lignes 5-18 :
Jacques Prévert attire notre attention sur le visage de l'homme, un de ces hommes que l'on désigne aujourd'hui par un acronyme banalisant, un “SDF”, à côté desquels nous avons tendance à passer sans leur prêter attention ou en détournant les yeux. Nous voyons son visage qui se reflète dans la glace d'un grand magasin, un peu comme si c'était le nôtre (et Jacques Prévert nous invite à imaginer que ce pourrait en effet être le nôtre).
Mais dans la vitrine de chez Potin (Félix Potin : nom d'une chaîne d'épicerie très connue à l'époque) l'homme ne regarde pas son propre visage : “il s'en fout de sa tête”, le registre familier traduisant sa colère. Ce qu'il regarde, c'est l'étalage de denrées alimentaires.
Jacques Prévert joue sur le sens propre et le sens figuré du mot “tête” (syllepse de sens) : tête d'homme, tête de veau, se payer la tête de quelqu'un. La souffrance et la colère de l'homme sont décuplées par l'étalage de nourriture inaccessible derrière la vitrine.
Lignes 19-23 :
Jacques Prévert traduit la souffrance et le désespoir de l'homme par l'adverbe “doucement” employé deux fois.
Lignes 24-32 :
Jacques Prévert nous fait partager les pensées et les sentiments de l'homme et traduit la sensation taraudante de la faim par la répétition à six reprises du chiffre “trois” et le jeu de mots sur “dur” (durer/dur).
Lignes 33-39 :
Le mot “protégé” est répété quatre fois pour souligner le soin féroce que les propriétaires, ceux