La guerre d'algérie
À la veille du 1er novembre 1954, la situation sociale, résultat de 130 ans d’exploitation coloniale, était explosive.
La guerre d’Algérie était prévisible et inévitable. Une guerre de conquête particulièrement meurtrière, de 1830 à 1847 puis de 1851 à 1857, à laquelle se sont ajoutées les insurrections de 1871 et de 1886 sur fond de spoliation des terres les plus riches, a laissé dans la mémoire collective des traces que cent trente ans de domination sans partage n’ont pas effacées. La forme brutale de la colonisation en Algérie est sans équivalent dans le Maghreb et plus généralement dans le monde arabo-musulman. En Tunisie, trois mois ont suffi (avril, mai, juin 1881) pour conquérir ce pays et imposer le protectorat au souverain tunisien Saddok Bey. Le Maroc se voit également imposer le même type de régime (traité de Fès) après une guerre de conquête qui a duré deux ans (1912-1914) (1). Ce régime de protectorat imposé à la Tunisie et au Maroc donnait l’illusion du respect de la souveraineté. Il maintenait, en effet, les institutions « indigènes » et semi-féodales mais en les vidant de tout contenu. Il affermissait le rôle du souverain, mais en le confinant à une fonction purement symbolique. Tout en pratiquant une colonisation « douce » des terres tunisiennes et marocaines. En Algérie, il en fut autrement.
« La nouvelle Amérique et la guerre totale »
Le 5 juillet 1830, après 20 jours de combat, Alger tombe aux mains des Français. Le traité signé avec le dey Hussein, garantissant aux habitants « le respect de leur liberté, de leur propriété, de leur religion. », est vite violé. La ville est saccagée et pillée par l’armée française. Ce forfait a un profond écho dans l’arrière-pays d’Alger qui se prépare à faire face aux forces d’occupation.
À l’origine, les Français pensaient trouver un pays à l’abandon, semi-désertique, peuplé de barbares et de « femmes disposées au plaisir » tel que le décrit l’Aperçu