la honte
Le premier scandale que constitue l’existence d’autrui pour la conscience est qu’on rencontre autrui, donc qu’on ne le constitue pas (alors que c’est le cas des tous les autres étants du monde). Deuxième scandale : autrui me fige, il est celui qui me regarde, qui me rend objet :
“J’ai un dehors, j’ai une nature; ma chute originelle, c’est l’existence de l’autre” (L’Etre et le Néant).
Dans Huis Clos, la relation Garcin/Ines illustre cette thèse : Garcin explique à Ines qu’il est la foule, le regard de toute l’humanité sur elle.
Face à ce regard objectivant, le conflit est la seule issue (le solipsisme étant à bannir selon Sartre, qui prend acte de la pluralité des consciences).
Le corps d’autrui
Avant de parler de la nature de ce conflit, revenons au corps, au corps du sujet. Selon le penseur existentialiste, la conscience existe son corps, la facticité que la conscience subit. Mais le corps existe aussi pour autrui sur le mode de la chair (“Leib” chez Husserl). La chair désigne ce corps vécu, contrairement au corps physique (sans conscience, comme celui d’un cadavre) : “Autrui se dévoile à moi comme le sujet pour lequel je suis un objet”
Relations à autrui
Deux modes de relations à autrui sont possibles : soit je cherche à utiliser autrui comme sujet pour fonder mon être, soit je cherche à détruire autrui comme liberté.
Dans le premier cas, je m’adresse à autrui en tant qu’il est un sujet : je cherche à le séduire sans sa transcendance, à obtenir de lui qu’il me veuille librement comme limitation de sa propre liberté; je cherche à me faire aimer de lui; s’il m’aime, il va me fonder comme une sorte d’absolu.
Dans le second cas, autrui est sujet : je cherche à le saisir, à l’emprisonner dans sa facticité, dans son corps.
Dans les deux cas, je cherche à me désaliéner, à recouvrer ma pleine liberté. Autrui doit être vaincu.
1/ Autrui comme sujet
Dans l’amour, par exemple, on cherche à être l’élu : par là, on