La laideur
Fauchés presque à bout portant, les émeutiers évacuent la place. Ils semblent près d'abandonner la partie. Mais vers dix heures, un groupe de volontaires marseillais parvient à s'introduire à l'intérieur des Tuileries. Le combat reprend de plus belle.
Le roi griffonne un billet ordonnant aux Suisses de déposer à l'instant les armes et de se retirer dans leurs casernes. Obéissants, les gardes se replient vers la place Louis XV (l'actuelle place de la Concorde). Mais ils sont bientôt encerclés, capturés, conduits à l'Hôtel de Ville puis massacrés. Mêlées à la foule, les poissardes des halles se livrent à de honteuses mutilations sur les cadavres.
Les émeutiers envahissent maintenant les Tuileries et lynchent pêle-mêle gardes, serviteurs et fidèles. Six cents Suisses ainsi que deux cents aristocrates et gens de maison perdent la vie en ce jour du 10 août.
Fin de règne
L'Assemblée législative, enhardie par le succès de l'émeute, prononce la «suspension» du roi. Elle convoque par ailleurs une Convention nationale en vue de prendre toutes mesures «pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l'égalité».
En vue des élections des députés de la Convention, elle abolit les distinctions entre citoyens actifs et citoyens passifs et instaure pour la première fois le suffrage universel (masculin).
Après une nuit de fortune, la famille royale est emmenée au donjon du Temple pour y être emprisonnée. Ainsi s'effondre une monarchie presque millénaire qui avait construit la France de génération en génération, par des conquêtes et des alliances matrimoniales. La Terreur se profile. La Révolution française, commencée dans l'enthousiasme trois ans plus tôt, entre dans la tragédie.
Le 10 août on avait préparé une insurrection,