La langue, un instrument politique
Amorce
« Il est interdit de parler breton et de cracher par terre » : affiche placardée dans les écoles, illustration (soumise à caution) de la politique d’assimilation linguistique effectivement menée par l’Etat français sous la IIIe République.
La « novlangue » imaginée par Orwell dans son roman 1984 (paru en 1948) : le contrôle et la manipulation de la langue comme instrument de contrôle politique et de police de la pensée au service de l’Etat totalitaire.
→ Deux exemples qui ont en commun de réunir de façon ambiguë réalité et fiction, et d’illustrer, en les poussant à l’extrême, les liens existant entre langue et politique, entre langue et domination.
Questions, problématisation
Constat : la langue, au sens d’idiome , a toujours fait l’objet de politiques volontaristes : des ordonnances de Villers-Cotterêts en 1539 à la rédaction d’une Charte européenne des langues régionales et minoritaires en 1992, en passant par l’élimination des patois entreprise sous la Révolution.
Question : à quelles préoccupations ces politiques linguistiques obéissent-elles ? Quels enjeux la question de la langue recouvre-t-elle, suffisamment graves pour justifier de telles interventions sur un champ apparemment éloigné du champ politique, le champ linguistique ? En quoi la question de la langue est-elle éminemment politique ?
Annonce du plan
Si la langue est un problème politique, c’est d’abord parce qu’elle fonde la communauté politique. Elle est l’un des vecteur d’identification politique, partie prenante des processus de construction et d’assimilation nationales, enjeu central des nationalismes étatiques ou dissidents (I).
Vecteur d’identité, la langue est aussi un instrument de pouvoir et d’affirmation de l’Etat. L’unification linguistique du territoire et de la population, comme l’exportation de la langue vers les pays colonisés, ont été les outils de la domination étatique (II).
Enfin, au risque d’élargir la question à