Honoré de Balzac, auteur de romans qui ont fait de lui un grand écrivain français, écrit en 1835 Le Père Goriot qui est alors considéré comme la clé de voûte d’une œuvre magistrale : La Comédie Humaine. Bien que ce roman ait pour but de dénoncer les illusions qui règnent dans Paris et le rôle de l’argent dans la société du 19ème siècle, il permet aussi de donner une nouvelle vision de la « jeunesse» de l’époque, regroupée dans un seul et même personnage : Eugène de Rastignac. C’est la naissance de l’ambitieux au cours de la rédaction d’une lettre qui est au cœur de cet extrait. Pour ce faire, l’étude portera d’abord sur la lettre de Rastignac à sa mère avant d’analyser la mécanique minutieuse mise au point par ce jeune homme.

La lettre dans le roman Le Père Goriot a, tout d’abord, une fonction utilitaire. Eugène de Rastignac demande un service afin d’avoir de l’argent. Ligne 3 : « Ma chère mère, vois si tu n’as pas une troisième mamelle à t’ouvrir pour moi. Je suis dans une situation à faire promptement fortune. J’ai besoin de douze cents francs, et il me les faut à tout prix. » Rastignac ne s’intéresse pas à sa famille. L’objet principal de sa lettre est de formuler une demande d’argent. Il « n’y va pas par quatre chemins » car cette demande est immédiate et directe et ce dès la troisième phrase de la lettre. Puis, la lettre de Rastignac à sa mère remplit une fonction stratégique. Il s’agit alors pour Eugène de Rastignac d’émouvoir sa mère afin d’obtenir ce qu’il veut. Pour cela, il a alors recours à des flatteries indirectes. Ligne 6 : « Ne dis rien de ma demande à mon père […] » Rastignac renforce l’idée de confiance en « valorisant » la relation mère/fils. En effet, il insiste sur le fait qu’il veut que sa mère soit la seule à savoir qu’il a besoin d’argent. C’est alors assez flatteur pour une mère car elle a l’impression d’être « préférée » et qu’un lien fort les unit. Or, bien qu’il flatte sa mère au travers de la lettre, on peut penser que le jeune