La littérature féminine au maroc
Anissa Bellefqih enseignate chercheur
Le matin : 13 - 03 - 2003
Le rôle de la femme dans les pays arabes, confinée dans le sérail délimité par l’homme, se limitait à transmettre et sauvegarder les valeurs ancestrales sans dérives esthétiques ou morales. Captive, elle s’est voulue captivante et nous retrouv
Au commencement, il y eut donc le verbe. Ensuite certaines femmes se sont approprié la parole par le conte ou la poésie orale des chants.
Puis, malgré une tradition misogyne, elles ont investi le monde de l’écriture opérant une transgression majeure en faisant entendre leur voix par l’Autre et en entrant dans le domaine public. La femme marocaine a d’abord témoigné, en langue arabe, d’une société en mutation. Certaines ont fait le choix d’écrire en français ou en anglais pour transmettre un vécu ou faire entendre leur voix. Cela ne doit pas être un enjeu de discorde ou de polémique.
Ecrire au féminin a d’abord célébré la naissance d’un «je» bridé chez la femme. C’est un moyen de mettre en mots les silences des femmes et de leur rendre une parole confisquée. La voix est vite devenue un cri longtemps réprimé qui libère.
A travers le parcours d’un personnage, la femme écrivain révèle l’univers de femmes qui luttent, avec plus ou moins de bonheur, pour leur indépendance, pour leur liberté, pour s’affirmer dans le milieu professionnel et privé, contre le sexisme dans le milieu politique, contre les aléas de la vie. Elle rend compte de la quête de femmes qui tentent de donner un sens à leur vie. Il reste que le plus important, ce n’est pas tant la vie du personnage, ses sentiments ou ses états d’âme, que sa réflexion sur la société, ses opinions, ses idées.
Faire entendre la voix de la femme
L’écrivain a maintenant le devoir d’étendre sa réflexion au vécu social de ses consœurs muettes, parce que muselées et entravées. Elle a en charge le présent brumeux et l’avenir incertain de ces femmes. Elle devrait donc