Existe-t-il une logique de l’action collective ?

Si on interroge des personnes au hasard et qu’on leur demande à quoi leur fait penser la notion d’action collective, sans doute ces personnes évoqueront-elles les manifestations, les mouvements sociaux ou bien encore des phénomènes de panique collective.

Cependant qu’y a-t-il de commun entre des manifestations et des grèves et par exemple le mouvement de panique générale qui a eu lieu en Irak à l’automne 2005 et qui a occasionné la mort de plus de 800 personnes chez des pèlerins chiites qui traversaient par milliers un pont sur le Tigre ; panique occasionnée par la rumeur de la présence d’un kamikaze sur ce pont ?

La difficulté pour traiter cette question : « Existe-t-il une logique de l’action collective ? » réside bien dans celle à définir l’action collective et nous allons voir dans une première partie que cette difficulté a été constitutive d’une réflexion en sciences sociales sur les limites et le contenu même à attribuer à la définition de l’action collective.

Erik NEVEU (Sociologie des mouvements sociaux, 1ère éd. 1996, coll. Repères) affirme que notre capacité à meubler la notion de toute une série d’exemples tirés d’une actualité plus ou moins récente se double d’une incapacité à comprendre et même à voir les actions collectives d’autres sociétés ou d’autres époques.

L’autre notion en jeu ici et qui est tout aussi problématique est celle de logique. Le dictionnaire nous apprend que ce terme vient du grec logos qui signifie raison, manière particulière de raisonner, disposition à raisonner juste. Cette définition est importante car elle contient une part de vision normative : la raison ou ce qui est raisonnable. Si on réitère et que l’on reformule la question qui nous est posé, on peut aboutir à l’idée que l’action collective pourrait ne pas avoir de logique et pourrait donc être irrationnelle, voire dangereuse comme dans le cas d’une foule en panique. Nous verrons