La loi est-elle condition de la liberté ? (john locke)
On a l’habitude de penser notre rapport aux lois comme de contrainte : parce que reçues comme des commandements, nous nous soumettons à elles pour, d’abord, éviter le châtiment, et par là nous les comprenons comme ce qui va à l’encontre de nos désirs ou de notre sentiment le plus naïf de libre-arbitre. Il semble évident que nous ne pouvons faire ce que nous voulons face à la rigueur de la loi ; et si elles nous obligent à les respecter, par leurs cortèges de sanctions, est-ce contre nos intérêts, voire pour nous déposséder de notre libre volonté ? Y a-t-il du sens à s’obliger à respecter la loi ? Ou est-ce nous interdire l’exercice de notre liberté propre ? La loi peut-elle être, de manière légitime, condition de ma liberté ?
La réponse de Locke, sa thèse, est nette : la loi ne limite en rien la liberté d’un sujet ; elle la rend possible et l’accomplit. Pour établir cela, l’auteur va défaire d’abord l’opposition apparente entre la loi et l’intérêt individuel : la loi n’est pas une contrainte. Elle vise le bien général de ceux qui la prennent pour guide. Elle serait inutile si elle s’opposait à notre bien (du début du texte jusqu’à « mérite mal le nom de contrainte. »). En conséquence de quoi, l’auteur nous invite à penser que la loi est la condition de la liberté (de « de sorte que… » jusqu’à « lorsqu’il n’y a point de loi »). Elle nous libère de l’arbitraire d’autrui, des jeux de force et de domination entre lui et moi. Sans loi, on serait reconduit à l’asservissement et à la violence. Il reste à bien comprendre ce qui est ici désigné sous ce mot de liberté. Dans cet ultime moment, l’auteur va défendre l’idée que la liberté nous appartient d’autant plus qu’elle est protégée par ce que la loi nous permet. Contre une conception naïve qui consiste à faire du mot « liberté » l’expression de l’arbitraire et du caprice, l’auteur va défendre l’idée que ma liberté n’a d’autre étendue que celle de ma propriété et