La loi neuwirth
D É M O G R A P H I Q U E S
Novembre 2007
D ’ É T U D E S
La loi Neuwirth quarante ans après : une révolution inachevée ?
Il y a quarante ans, le Parlement votait la loi Neuwirth libéralisant la contraception en France. Pourquoi l’État avait-il jusque-là chercher à l’empêcher, et comment expliquer ce changement d’attitude ? Évoquant la façon dont les couples s’y prenaient auparavant pour prévenir les naissances, Fabrice Cahen s’interroge sur les raisons du retard de la législation française si on la compare aux législations britannique et américaine. Pour ce qui est des conséquences de la loi, beaucoup s’attendaient à ce qu’elle entraîne la disparition des grossesses non prévues. Pourtant, elles représentent encore de nos jours une grossesse sur trois, comme nous l’expliquent Arnaud Régnier-Loilier et Henri Leridon. Quelles en sont les raisons ? Quelles sont les aspirations des couples d’aujourd’hui en matière d’enfants ? Comment s’y prennent-ils pour les réaliser ?
L ’ I N S T I T U T
N A T I O N A L
D ’ I N F O R M A T I O N
Après la loi Neuwirth, pourquoi tant de grossesses imprévues ?
Arnaud Régnier-loilier* et Henri leridon* n France, la limitation volontaire des naissances a commencé à se répandre dès la seconde moitié du xviiie siècle, bien avant l’apparition des méthodes médicales de contraception. Elle a conduit à une baisse de la fécondité moyenne de près de 5 enfants par femme au milieu du xviiie siècle à 2,5 au début du xxe siècle. Pour limiter le nombre de leurs enfants, les couples pratiquaient à cette époque principalement le retrait ou l’abstinence. La première de ces méthodes ayant une efficacité contraceptive imparfaite, et la seconde étant difficile à observer de façon permanente, il en résultait qu’une partie des grossesses étaient non désirées. De moins en moins acceptées, notamment après la Seconde Guerre mondiale, elles ont conduit les femmes à revendiquer ouvertement le droit d’avoir « un enfant si je