La main coupée
1/ Le témoin
Né le 1er septembre 1887 à la Chaux-de-fonds, Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric Louis Sauser, est un poète français d’origine suisse. Issu d’une famille bourgeoise, son père est un homme d’affaire mais aussi un inventeur, un fantaisiste. Ce métier les conduit, lui et sa famille, à voyager et ce dès son plus jeune âge. Peu porté sur ses études de commerce, il entreprend très tôt divers déplacements qui le mènent aux quatre coins du globe. Son séjour en Russie est notable. C’est là qu’il commence à poser ses pensées sur papier et, malgré une nouvelle tentative universitaire en Suisse au sein de la faculté de médecine de Berne, Blaise Cendrars reste obsédé par l’écriture et les voyages. Ce « mélange d’aventurier et de rat de bibliothèque » est avant tout un humaniste ; intéressé par les idées révolutionnaires et anarchistes il trouve pleinement sa place au sein du cercle littéraire et des artistes parisiens.
Il s’engage en septembre 1914 au titre d’engagé volontaire étranger où il est versé dans le 3ème régiment de marche du camp retranché de Paris. Ce n’est pas la légion à proprement parlé puisque principalement composé de citadins, d’artistes ou de commerçants et que l’engagement n’y est pas de cinq ans mais uniquement pour la durée de la guerre. Lors de l’année qu’il passe à la guerre, le poète connaît trois fronts. Il se retrouve en premier lieu dans la Somme (Tilloloy, Dompierre, Frise) de décembre 1914 à juillet 1915, puis à Sainte-Marie-les-Mines en Haute-Saône dès son retour de permission (du 14 au 18 juillet 1915) où il reste jusqu’au 15 septembre et, enfin, en Champagne pour la grande offensive durant laquelle il perd son bras droit le mardi 28 septembre. Incorporé en tant que soldat 1ère classe, Cendrars devient rapidement « 1er canard » ou chef d’escouade, il fait office de caporal mais n’en obtient le grade qu’en juillet 1915. Selon lui, il aurait pu prétendre à un grade supérieur mais décline