La maion dieu
Première partie : Préludes
Chapitre 1 : Fondements d’une sacralité chrétienne (v. 300-v. 800)
Deuxième partie : Constructions ecclésiales carolingiennes (800 – 1040)
Chapitre 2 : La construction biographique du souverain carolingien
Chapitre 3 : L’espace de la papauté
Chapitre 4 : L’évêque, ses livres et ses lieux
Chapitre 5 : L’église contenant de l’Église
La dédicace est soit le liminaire soit le cœur du pontifical : c’est un rite épiscopal mettant en scène le consécrateur et le consacré, qui institue une dépendance entre contenu (Église) et contenant (église)
I Donner corps au divin, consacrer la présence de Dieu
À l’origine, la communauté chrétienne est pensée comme l’appartenance des fidèles au corps du Christ, d’où une conception organique. Au IXe siècle, on se met à parler du « corps de l’église » pour désigner la partie ou se tiennent les fidèles : on passe du corps spirituel au corps matériel, par la consécration du lieu.
1 Les mots de la consécration
Il y a des termes divers qui sont distincts à l’origine : bénir, consacrer, dédier, sanctifier…
Bénir, c’est d’abord bien parler (benedicere), puis demander la prospérité (cf. Genèse, I, 22), enfin, placer ce qu’on bénit dans le champ du divin.
Consacrer, à l’origine, c’est ôter une personne ou un objet du profane pour le mettre dans le champ du divin (cum+sacer). L’application s’élargit ensuite à Dieu, à une consécration de soi dans le martyre ou le sacrifice, enfin à un sens absolu, dans la liturgie.
Dès les Romains, on distingue mal consacrer et dédier (dedicare), soit retirer du profane. Isidore de Séville considère les mots comme des doublons. D’où les mêmes évolutions, en particulier la dédicace de soi-même à Dieu.
Le terme de sanctification (de sanctificare, faire saint) intègre très tôt le vocabulaire de l’offrande et de l’auto-dédition. Le terme de sanctus et ses dérivés couvre tout le champ de l’Eucharistie (et la prédication), et les lieux