La mauvaise fois selon Sarte
Sartre relève ici une sorte de paradoxe interne à la censure, puisqu'elle connaît et est familière de ce qu'elle rejette. Elle se désintéresse de ce qu'elle finit par se désintéresser, ce qui semble témoigner à la fois d'une volonté de se rapprocher de ce qui finit par ne plus être digne d'intérêt. L'allusion à la psychanalyse veut dire que seul dans le cas de ce type d'approche (par l'inconscient), la censure ne procède pas d'une conscience aigue des choses.
b
Si nous renonçons en effet à toutes les métaphores représentant le refoulement comme un choc de forces aveugles, force est bien d'admettre que la censure doit choisir et, pour choisir, se représenter.
La psychanalyse défend la thèse du refoulement, c'est-à-dire la thèse selon laquelle l'esprit ne peut assumer certains événement traumatiques, et se trouve dès lors contraint de les « oublier », c'est-à-dire en rejette pas conscience dans un inconscient continuant pourtant à déterminer le fonctionnement des actes et des paroles. À part ce cas-là, le choix de censurer (qui impliquer une volonté et une décision), procède toujours d'une analyse, d'une capacité à comprendre rationnellement la nature de ce que l'on censure (il y a toujours des raisons de la censure).
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D'où viendrait, autrement, qu'elle laisse passer les impulsions sexuelles licites, qu'elle tolère que les besoins (faim, soif, sommeil) s'expriment dans la claire conscience? Et comment expliquer qu'elle peut relâcher sa surveillance, qu'elle peut même être trompée par les déguisements de l'instinct ? Mais il ne suffit pas qu'elle discerne les tendances maudites, il faut encore qu'elle les saisisse comme à refouler, ce qui implique chez elle à tout le moins une représentation de sa propre activité.
Sartre cherche ici à