Albert Camus contre la peine de mort, Ève Morisi
Préface de Robert Badinter
Pour Albert Camus, la peine de mort a toujours été un châtiment « cruel, inhumain et dégradant », incompatible avec les droits de l’homme. C’est la persistance de la barbarie dans les temps modernes, la négation absolue des valeurs dans lesquelles Camus croyait, l’intangibilité absolue de la vie humaine, c’est également l’expression ultime d’une violence mortelle.

« Albert Camus est avec Victor Hugo l’écrivain français qui a joué le plus grand rôle dans le combat pour l’abolition. Sans doute il n’aura pas vu « ce jour de véritable civilisation qui tarde encore à venir », comme il l’écrivait en 1959. » p II. La peine de mort est le malaise de tout l'être d'Albert Camus.

Après le retour du père d'Albert Camus d'une exécution sur la place publique d'Oran, l'enfant Albert Camus appréhende pour la première fois toute l'horreur de l'exécution.
Dans les romans d’Albert Camus, comme L'Etranger, La Peste ou Le Premier homme, la guillotine est toujours présente obsessionnellement, comme dans les nouvelles de Victor Hugo. Albert Camus appelle sa lutte comme une lutte pour « sauver les corps », c'est-à-dire la vie des condamnés à mort. Albert Camus a une forte conviction abolitionniste et une solidarité indéfectible avec les misérables qui vivent dans l’angoisse de l’aube mortelle.
17/01/1945 : Albert Camus lance une pétition demandant la grâce de Robert Brasillach. « Toujours en horreur de la condamnation à mort ».

5/12/1946 : Demande de grâce en faveur de Lucien Rebatet et de Pierre-Antoine Cousteau, journalistes collaborateurs et antisémites virulents, tous deux condamnés à mort ; au Garde des Sceaux Pierre-Henri Teitgen. Albert Camus a pitié pour les coupables, pour leur mort honteuse et misérable. Tous deux seront graciés par le président Auriol et libérés.

Automne 1957 : Le journaliste Rebatet obtient le Prix Nobel de la littérature. Il « écrit un article venimeux évoquant