La mort des sages
INTRO : Socrate, condamné à mort, but sans sourciller la ciguë, entouré de ses amis et disciples. Mais avant de quitter le tribunal, il fit à ses juges un ultime cours de philosophie sur un sujet particulièrement adapté aux circonstances : l’immortalité de l’âme. Platon, dans son Apologie de Socrate, a rapporté (ou imaginé ?) ce discours, et Cicéron dans ses Tusculanes, après avoir évoqué la mort courageuse de Théramène, qui s’était opposé aux Trente tyrans, témoigne de son admiration en reprenant en latin ce fameux texte.
Commentaire linéaire
Platon est, pour Cicéron, un « summus poeta » (un génie de la création littéraire), autant qu’un philosophe, et le discours de Socrate est d’une haute qualité rhétorique : exorde, paradoxe, puis argumentation par alternative et enfin péroraison. Même s’il s’agit d’un texte philosophique, on voit que les parties qui composent normalement un discours rhétorique sont présentes : qualités de la forme et du fond sont liées.
Fin de la traduction du texte :
Quel charme pour moi d'y voir Palamède, Ajax, tant d'autres qui ont été injustement condamnés! Il me semble qu'à nous conter nos aventures, nous y trouverions un plaisir réciproque. Mais un plaisir que je mettrais au-dessus de tous, ce serait d'y passer le temps à interroger, à examiner les uns et les autres, comme j'ai fait ici, pour démêler ceux qui ont été véritablement sages, d'avec ceux qui, ne l'étant pas, se piquaient de l'être. J'y étudierais, par exemple, quelle a été la sagesse du roi Agamemnon, celle d'Ulysse, de Sisyphe, d'une infinité d'autres hommes et femmes. Et pour avoir fait cet examen, il ne m'arriverait point, comme ici, d'être condamné au dernier supplice. Juges, qui avez été d'avis de m'absoudre, ne vous faites pas non plus une idée terrible de la mort. Un homme de bien, ni pendant la vie, ni après la mort, ne peut recevoir de mal. Jamais les Dieux immortels ne l'abandonnent.
Et ce qui m'arrive à moi, n'est