La mort et le bucheron
La mort et Le bûcheron
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur*,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde* ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
La mort et le Bûcheron, composé de 20 vers, est la fable 16 extraite du premier livre de fables écrit par Jean de la Fontaine. Celui-ci fût publié en 1694, il appartient donc au mouvement du classicisme. Long d'une vingtaine de vers et ornée d'une morale située en épilogue, elle s'apparente à l'apologue dont le but est de plaire et d'instruire.
La Mort et le Bûcheron met en scène un Bûcheron et la Mort personnifié, qui au fil d’une histoire nous amène à une morale. A travers cette fable La Fontaine nous conte l’histoire réaliste et émouvante d’un bûcheron qui sous le poids de son malheur appelle la Mort pour mettre fin à ses souffrances. Une fois devant elle il se ravise et préfère accepter la vie telle qu’elle est plutôt que mourir.
Inspiré par Horace, Phèdre ou encore Esope, Jean de la Fontaine transmet un réel message à travers des vers simples, une langue fluide, une intrigue rapide et une morale qui cherche à dénoncer la société de son temps.
Dans cette fable, Jean de la Fontaine dénonce d'une