La musique dans la republique de platon
Dialogue entre Socrate (philosophe grec) et Glaucon (disciple, frère de Platon)
Eh bien, dis-je, Glaucon, est-ce pour les raisons suivantes qu’élever les enfants dans la musique est souverain ? D’abord parce que le rythme comme l’harmonie pénètrent au plus profond de l’âme, s’attachent à elle le plus vigoureusement, et, en conférant de la grâce à ces gestes, rendent gracieux celui qui a été correctement élevé, et disgracieux les autres. Et parce qu’en outre, les objets négligés et mal fabriqués par l’artisan, ou les êtres qui se sont mal développés, celui qui a été élevé dans la musique comme il convenait saurait les distinguer de la façon la plus perspicace : dès lors, son sentiment de déplaisir étant plein de justesse, il louerait les belles choses, en jouirait et les recevrait dans son âme, se nourrirait d’elles et deviendrait un homme de bien, tandis que les choses laides, il les blâmerait avec justesse et les détesterait dès sa jeunesse, avant même d’être capable d’entendre raison ; puis, quand la raison lui serait venue, il la chérirait, reconnaissant d’autant mieux sa parenté avec elle qu’il aurait été élevé ainsi. Oui, c’est bien mon avis, dit-il, c’est pour des raisons de ce genre que l’on élève les enfants dans la musique. (401d)
(…)
(411a) Donc, chaque fois que quelqu’un fournit à la musique l’occasion de lui jouer de la flûte et de verser dans son âme, par les oreilles, comme par un entonnoir, les harmonies dont nous parlions à l’instant, celles qui sont suaves, délicates, et plaintives, et qu’il mène à terme sa vie tout entière en fredonnant, rendu béat de joie par le chant, celui-là, dans un premier temps, s’il avait un côté plein de cœur, il l’attendrit, comme on fait du fer, et le rend utile, alors qu’il était inutile et raide ; mais s’il continue et ne cesse pas de se laisser charmer, dès lors il le fait fondre et couler jusqu’à